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La notion de care prend sa source aux États-Unis dans les années 1980 avec la publication par Carol Gilligan d’Une voix différente et participe de ce que l’on nomme la deuxième vague du féminisme.Dans les années 1990, Joan Tronto est venue porter le care sur la place publique, dans le champ du politique, le sortant d’une problématique féministe et confinée à la sphère privée.
Il faut sortir le care du silence des privilégiés qui en bénéficient sans le reconnaître car, de fait, toute autonomie personnelle dépend du travail des autres tant nous sommes interdépendants. L’éthique du care implique ainsi de redéfinir de nouvelles frontières entre espaces public et privé, entre domaines moral et politique et d’y reconnaître la notion de travail et de sa dimension organisée.
Le livre rassemble huit contributions d'auteurs différents sous la direction de Pascale Molinier, Sandra Laugier et Patricia Paperman et se divise en trois parties.
Principales idées :
Politiques
La première partie « Politiques » s’ouvre sur une contribution de Joan Tronto elle-même. Elle définit le care, en collaboration avec Berenice Fisher, comme « Une activité caractéristique de l’espèce humaine qui inclut tout ce que nous faisons en vue de maintenir, de continuer ou de réparer notre « monde » de telle sorte que nous puissions y vivre aussi bien que possible. Ce monde inclut nos corps, nos individualités (selves) et notre environnement, que nous cherchons à tisser ensemble dans un maillage complexe qui soutient la vie. »
Son intervention, ainsi que celle de Layla Raïd qui vient expliciter la pensée de Tronto, aborde les questions morales, tentant de dessiner de nouvelles frontières entre morale et politique, entre morale et affects, entre privé et public et de se défaire de la fausse dichotomie entre care et justice. Patricia Paperman explore les outils sociologiques auxquels recourir pour analyser l’organisation sociale du care. Elle souligne la nécessité d’écarter deux écueils pour conduire une politique du care : il faut le séparer d’une question de sentiments, et cesser de le limiter à une affaire entre proches. Ce qui revient ainsi à faire du travail du care un objet sociologique.
Travail et valeur
La deuxième partie s’attache justement à la notion de « travail et valeur »dont elle porte le titre. Evelyn Nakano Glenn aborde la « crise du care » actuelle dans les pays développés qui tient à l’accroissement des besoins (vieillissement de la population) et dans le même temps au travail presque généralisé des femmes, pourvoyeuses traditionnelles du care. Cette évolution suscite la nécessité d’intégrer le travail du care dans une politique économique nationale, voire internationale, et ainsi permettre aux travailleurs (euses) du care de sortir de leur dépendance symbolique et de leur privation de liberté. Aurélie Damamme et Patricia Paperman ont effectué une recherche sur le travail du care au sein de la famille et défini la « principale responsable », mettant l’accent sur l’importance du temps long et sur la nécessité d’accepter que les mondes des autonomes et des dépendants ne sont pas étanches et que tous nous serons confrontés au passage d’un monde à l’autre.
Illustrations concrètes
La troisième partie est consacrée à des illustrations concrètes : une étude réalisée par Sandra Laugier de la manière dont la matière cinématographique et télévisuelle (les séries depuis les années 1990, en particulier Urgences et Desperate Housewives) met en avant les principes du care, signant ainsi une évolution sociale et mettant en relief cette nécessité d’acceptation d’une future dépendance probable. Et de ramener un débat théorique au niveau du « sol raboteux de l’ordinaire » (Wittgenstein).
Et une autre étude, menée par Nina Eliasoph, insistant sur les perversions du care devant être rendu public pour être, et donc existant davantage dans son discours que dans sa finalité première.
En conclusion :
Une forme de conclusion est apportée par l’article de Pascale Molinier consacré à l’expérience des aides-soignantes en milieu gériatrique et qui montre, dans la complexité du réel et loin des théories impersonnelles, à quel point il est nécessaire de sortir du déni quant à la dépendance (déni généré par l’angoisse de chacun) afin de permettre au care de s’instaurer comme un réel mouvement social.